Edgar Morin : comment expliquer que l’humain puisse être profondément bon ou mauvais

Nous sommes possédés par le double logiciel de notre subjectivité : le logiciel de l’affirmation égocentrique du moi-je qui nous installe au centre de notre monde et le logiciel du nous qui nous unit et englobe au sein d’une communauté. Le premier exclut tout autre que soi, le second l’inclut parmi les autres dans un nous.

Le double logiciel (égocentrique, communautaire) explique la double vérité : l’égocentrisme et la solitude absolue de chacun, l’altruisme et la non-solitude de la communion ou de la communauté. Il explique que l’humain puisse être profondément bon ou mauvais selon les aléas et les événements.

Le philosophe Edgar Morin à propos de la vie

Nous connaissons de mieux en mieux la vie mais elle nous demeure de plus en plus mystérieuse.

La vie est émergente, c’est-à-dire un ensemble de qualités.

La vie ne se réduit pas au biologique, c’est-à-dire aux entités nucléo-protéinées dont nous sommes constitués.

La vie est polymorphe, car les sociétés, les langues, les cultures, les idées, les dieux sont des entités vivantes.

La vie est cacophonie et symphonie.

La vie est intelligente, sensible, créatrice.

La vie est organisatrice. La vie est cruelle. La vie est admirable. La vie est folle.

Nous l’oublions dans l’évidence quotidienne du vivre le caractère étonnant de la vie. Nous oublions dans les activités prosaïques du vivre que la vie est poésie, mais nous oublions dans nos moments euphoriques qu’elle est cruelle, terrible, horrible.

Edgar Morin, « Connaissance, ignorance, mystère », p. 98