Instavidéastes PNJ : un simulacre de simulation

Lu dans le New York Times ce weekend, cet article à propos du phénomène d’internautes imitant des personnages non-joueur (PNJ) de jeux vidéo dans des vidéos TikTok.

Extrait :

As our screen-filled world seems more like a video game, and sophisticated video games seem more like real life, social media savants have found success with content that deliberately confuses the two. Over the summer, the mainstream internet was both thrilled and flummoxed to discover NPC streamers, creators who earn very real money by repeating the formulaic phrases uttered by video games’ “non-player characters,” or NPCs.

But while NPC streaming highlights games’ unnatural speech, dancers are particularly adept at moving like a machine’s version of a human. That helps creators like Shema and his brothers — and the Polish dancers Nicole Hoff and Oskar Szymkowski, who create videos in which they move through the world as NPCs — capture more of what makes video games distinctive, weird and funny. NPC streaming content tends to provoke befuddlement among non-gamers. 

Je trouve fascinant ce phénomène d’imitation du monde virtuel (vous pouvez en lire plus ici). On y voit d’abord l’impact du numérique dans la culture globale. De la même façon que le jeu de table Dungeons & Dragons a influencé les jeux vidéos à leurs débuts, ceux-ci sont devenus une sphère culturelle incontournable qui influence à son tour les autres écosystèmes culturels (cinémas, vidéos, etc.)

Deux philosophes peuvent aussi nous aider à mieux le comprendre. D’abord, nous sommes en plein dans le « simulacre de simulation », un des trois ordres de simulacre prédit en 1981 par le philosophe Jean Baudrillard dans son livre « Simulacres et simulations » (p.177). Quant à l’hyperréalisme des jeux vidéos, Baudrillard nous le prédisait dans le même livre : « Ainsi partout l’hyperréalisme de la simulation se traduit par l’hallucinante ressemble du réel à lui-même » (p.41).

Dans un même ordre d’idée, Guy Debord dans La société du spectacle écrivait que « le spectacle n’est pas seulement le serviteur du pseudo-usage, il est déjà en lui-même le pseudo-usage de la vie » (p.45).