Nous sommes tous sous vidéosurveillance, nous sommes tous géolocalisés, nous sommes tous hyperconnectés. Alors, est-ce qu’il va falloir en venir à murer notre espace personnel et donner raison aux nostalgiques d’un monde d’avant. C’est quand même étonnant cette société où l’on poste sur son mur mille indices personnels, mille traces qu’on donne à voir, tout en revendiquant la liberté de protéger son intimité. Et en même temps, on assiste un peu partout dans le monde à l’édification de frontières, de vrais murs renforcés par les technologies les plus pointues, pour se fermer, pour empêcher l’autre, l’étranger, de pénétrer dans notre intimité.
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Il faut repenser l’intimité. Elle n’est pas fermeture. Elle permet d’engager une relation avec quelqu’un qu’on a choisi, qu’on a nommé. Sans cet accord, l’altérité devient une trahison et sans cette option, ça devient une solitude.
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Je pense qu’on est dans un moment de l’intimité en danger et ce sera une très grande perte.
Muriel Flis-Trèves, psychanalyste
Source : « Faut-il craindre un avenir sans intimité ?« , La Grande Table.