Et si l’on s’était trompé sur Karl Lagerfeld ? Et s’il était plus tendre, romantique, affectif qu’il ne l’avait laissé paraître, cachant cette sensibilité derrière son image, disparaissant à force d’être partout, devenant insaisissable à force d’ubiquité. Incarner le spectacle dans tous ses aspects, théorisés par Debord, pour mieux y échapper – et si ça avait été ça le plus grand secret de ce génie de l’époque ?

Dans cet extrait tiré d’un hommage rendu au grand couturier Karl Lagerfeld, on y fait un lien avec le livre « La société du spectacle » de Guy Debord qui offre une « critique radicale de la marchandise et de sa domination sur la vie ». Et effectivement, le milieu de la mode, propulsé par Lagerfeld depuis 40 ans, est un bel exemple du produit en tant que spectacle. Selon la journaliste des Inrocks, Lagerfeld était finalement très authentique en personne, un intellectuel possédant une grande culture. À travers cela, on y voit donc le désir (la nécessité?) de la mise en scène dans la société actuelle. Finalement, je trouve que le concept de « storytelling« , tel qu’exploré par Christian Salmon (récemment cité dans ce blogue), a beaucoup en commun avec cette société du spectacle et cette idée de mise en scène personnelle.
Source : Nelly Kaprièlian, La dernière métamorphose de Karl Lagerfeld, Les Inrockuptibles, 26 février 2019