Sur Aeon, on retrouve une fantastique analyse de Cody Delistraty à propos de l’industrialisation du bonheur. Il note combien le bonheur est maintenant une question de mise en scène. Extrait :

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This imperative to avoid being – even appearing – unhappy has led to a culture that rewards a performative happiness, in which people curate public-facing lives, via Instagram and its kin, composed of a string of ‘peak experiences’ – and nothing else. Sadness and disappointment are rejected, even neutral or mundane life experiences get airbrushed out of the frame.
Avec stupeur, on y découvre un certain parallèle avec « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley, roman dystopique publié en 1932. Extrait d’une analyse du magazine Philitt :
Dans cette société huxleyienne, il est interdit d’être malheureux. Dès qu’une pensée mauvaise traverse l’esprit, il suffit de prendre du Soma, une drogue définie par l’Administrateur comme constituant « tous les avantages du Christianisme et de l’alcool sans aucun de leurs défauts », c’est une sorte d’anxiolytique, incontournable pour retrouver le sourire. Le conditionnement des individus les pousse non seulement à être heureux de leur sort et de la caste à laquelle ils appartiennent mais les détermine à penser qu’une situation autre est inenvisageable.
Delistraty nous explique que (ma traduction) « si nous continuons à nous laisser manipuler en aspirant constamment aux pics de bonheur, nous nous exposons non seulement à la manipulation du marché, mais également à la solitude, à un manque de jugement et, paradoxalement, à une tristesse durable. Il termine en recommandant : « Et si, au lieu de cela, le bonheur était une chose qui va et qui vient, et que la négativité est fondamentale pour la vie et, ironiquement, pour notre bonheur? Et si on révisait notre point de vue: ne pas désirer [à tout prix le bonheur] mais être satisfait de tous nos sentiments ? »