Lors d’un passage récent à Paris, j’en ai profité pour visiter la Japan Expo, la grand-messe annuelle des amateurs-trices de manga et d’anime. D’ailleurs, ce salon est un des plus grands en France avec 240,000 festivaliers sur les quatre jours de l’événement.

Pour le chasseur de tendances à l’œil aguerri, ce genre de manifestation permet l’observation de phénomènes émergents. Ce salon n’a pas déçu. J’ai pu y observer des centaines d’adolescents et de jeunes adultes se promenant avec des pancartes, t-shirts, bandeaux et autres masques buccaux portant l’inscription « Free Hugs ». Plusieurs exposants en offraient à la vente également.
Le site ActuaBD a relevé la tendance également (la documentant via plusieurs photos d’ailleurs) et la décrit comme suit : « C’est une des caractéristiques de la Japan Expo et de ce genre de manifestations populaires. Les jeunes gens qui défilent en bande avec une pancarte « Free Hugs » (câlins gratuits) et qui distribuent des embrassades bon enfant avec le sourire, rien que pour exprimer le plaisir d’être là. ». Je connais évidemment le phénomène, qui a émergé en 2004 en Australie, mais c’est la première fois que je le voyais à cette échelle. En cherchant sur internet, je découvre qu’il y a plusieurs mentions (sur Reddit et autres groupes de discussion) depuis 4-5 ans et que cette manifestation semble surtout être liée aux conventions liées à la culture japonaise (mais apparaît de plus en plus dans les autres salons à thématique « geek »).

(auteur : Sébastien Provencher)
En cette époque #metoo, il peut sembler curieux de voir tous ces jeunes offrir des câlins gratuits, mais je trouve qu’il y a quelques éléments de décodage intéressants. D’abord, le message est clair : « free hugs ». Les limites de la rencontre sont claires et sans ambiguïté. Je t’offre un câlin gratuit et c’est tout. Ensuite, malgré le fait que nous sommes de plus connectés avec les autres via nos outils numériques, les études démontrent que nous nous sentons de plus en plus seuls. Cet article du Independent mentionne d’ailleurs que jusqu’à 80 % des adolescents disent souvent se sentir seul contre 50 % des personnes âgées. Finalement, le salon permet la rencontre « in real-life » de fans de la même sous-culture. Le sentiment d’appartenance est donc d’autant plus fort, levant de ce fait, une première barrière.
Et vous, comment décodez-vous ce mouvement ?
L’église imposait la parole divine, ce qui est bien et mal. Au lieu d’arrêter de chercher ce qui est bien et mal, chacun le cherche en lui-même (c’est-à-dire dans l’essence des médias). Comme Dieu n’a jamais rien dit à un Pape, ces derniers cherchaient à ne rien faire. Le commun des mortels ne sachant pas qu’il ne sait rien, s’évertue à faire le plus de n’importe quoi possible, sans comprendre que c’est cela le mal et que cela ne peut mener qu’à la fin de notre civilisation. La question est alors juste de savoir pourquoi un n’importe quoi plutôt qu’un autre et c’est le travail des sociologues de chercher qui a diffusé la bonne parole et en quoi elle correspond aux croyances modernes. Dans nos sociétés, il suffit souvent de chercher à qui elle rapport du fric.
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